Cette date restera dans l'histoire de notre commune car elle a été celle de l'inaugiration, près de la mairie, de l’Espace du 19 mars 1962, date du cessez le feu en Algérie. Ce lieu de mémoire répond à la demande des anciens combattants de la Commune.
De nombreuses personnalités avaient répondu présent à l’invitation de Sylviane Couttenier et de son conseil municipal : Guy Darmanin, Président National et Départemental de la FNACA, Jean-Jacques Mirassou, Sénateur, Monique Iborra, Députée, Marie-Claude Leclerc, Conseillère Générale, Louis Escoula, Président de la Communauté des Communes de la Save au Touch et certains maires des communes voisines. Les Présidents d’associations d’Anciens Combattants et Victimes de guerre, les Comités de la FNACA de Colomiers, Tournefeuille, Brax, Pibrac, Léguevin, Cadours, l’Isle Jourdain et l’ARAC de Lévignac ont participé également à cette cérémonie sans oublier les 17 porte-drapeaux.
Lors de son discours, Madame le Maire a rendu un émouvant hommage aux anciens combattants, soldats disparus et aux nombreuses victimes militaires et civiles, françaises comme algériennes. Guy Darmanin a chaleureusement remercié et félicité les élus de la commune qui, à travers l’inauguration de cet espace, ont voulu perpétuer le devoir de mémoire.
Avant de saluer les porte-drapeaux, Sylviane Couttenier a souligné le travail remarquable de Jean-Paul Mélac qui a imaginé et bâti la stèle uniquement avec des matériaux de récupération. Tous se sont ensuite rendus à la salle des fêtes pour prendre le pot de l’amitié.
Discours Inauguration de « l’Espace du 19 mars 1962 »
Dimanche 11 mars 2012
Mesdames et Messieurs les Elus,
Monsieur le Président National et Départemental de la Fédération des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie,
Messieurs les Présidents des Comités voisins de la FNACA
Messieurs les Présidents d’Associations d’Anciens Combattants et victimes de guerre,
Messieurs les Porte-Drapeaux,
Messieurs les représentants de la Gendarmerie et des sapeurs pompiers
Mesdames, Messieurs, Chers concitoyens,
Je voudrais tout d’abord vous dire à quel point je suis heureuse et émue de vous retrouver aujourd’hui pour inaugurer l’espace du 19 mars 1962 et ce, suite à la demande des anciens combattants de notre commune André Barrère, Claude Costes, Maurice Falco, Lucien Garcia, Marc Lèches mais aussi Yves Trémoulet. Vous savez l’importance que j’attache avec celles et ceux qui m’entourent et que je continuerai d’attacher au devoir de mémoire. Vous savez aussi mon plus profond respect pour les anciens combattants que vous êtes et à qui je veux, du fond du coeur, exprimer au nom de tous les élus de Sainte-Livrade, mais aussi au nom de toutes les personnes présentes et celles qui n’ont pas pu être parmi nous aujourd’hui, notre très sincère reconnaissance.
Le 19 mars 1962, à midi, sur ordre du Président de la République, le Général AILLERET proclamait le cessez-le feu qui mettait fin à ce qu’il était convenu d’appeler alors les « évènements d’Algérie ». La veille, étaient signés les accords d’Evian entre les représentants du gouvernement français conduits par Louis JOXE et ceux du Front de la libération nationale algérien, le FLN.
Nous commémorons cette année le cinquantième anniversaire.
Cette dernière guerre coloniale qui ne disait pas son nom, mettait fin à la présence française en Algérie et tournait ainsi la page de la France comme puissance coloniale.
Le 3 juillet 1962 était proclamé l’indépendance de l’Algérie, après que 90 % des Français eurent approuvé les accords d’Evian lors d’un référendum organisé par le général de GAULLE le 8 avril de la même année.
Ce n’est qu’en 1999, 37 ans plus tard, sous le Gouvernement de Lionel JOSPIN, que l’Assemblée Nationale reconnaîtra que les évènements d’Algérie ne pouvaient avoir d’autre appellation que celle de guerre. La troisième génération du feu attendait depuis longtemps cette reconnaissance qu’elle réclamait à juste titre. Sa satisfaction – la nôtre aussi – sera totale lorsque le 19 mars sera enfin officiellement reconnu par la République comme la seule date légitime, ayant une signification historique réelle, pour la commémoration du cessez le feu.
A travers cette commémoration, c’est la mémoire de celles et de ceux, civils comme militaires, français comme algériens qui sacrifièrent leur vie ou leur jeunesse et souffrirent dans leur chair à cause de ce conflit cruel.
Un conflit qui marqua et marque encore profondément les consciences de deux peuples, comme une vieille blessure encore imparfaitement cicatrisée.
Entre 1954 et 1962, soldats de métier, harkis, jeunes appelés et rappelés du contingent pour deux ans voire plus, tous furent confrontés à la même épreuve. Parmi les deux millions de jeunes français mobilisés, 27 000 furent tués, dont 2 000 soldats de la Légion Etrangère ; un millier a disparu et 1300 moururent des suites de leurs blessures.
Mais n’oublions pas non plus que 270 000 algériens furent tués pendant ce conflit, que 4000 civils furent victimes d’attentats en France comme en Algérie et que 50 000 harkis furent assassinés. Il est important que les jeunes générations puissent connaître ce qui s’est réellement passé au cours de cette guerre.
Cette reconnaissance officielle de la guerre d’Algérie ainsi que sa commémoration chaque année doit permettre de perpétuer la mémoire de cet épisode tragique de notre histoire.
Et cette mémoire, aujourd’hui, nous en sommes tous dépositaires.
Que l'inauguration de cette plaque de l’espace du 19 mars 1962 à Ste Livrade soit, en outre, le souvenir que nous témoignons en honorant nos malheureux camarades tombés lors de ces combats, morts pour la France ; le signe d'un temps fort de réconciliation entre nos deux communautés ; et que notre commune continue à vivre dans la paix et l'amitié à l'ombre de notre devise républicaine : Liberté, Égalité, fraternité.